D’un champ de manœuvre au Parc Chanot

À l’angle des boulevard Michelet et Rabatau et ouvrant sur le Rond-Point du Prado, le Parc Chanot est un centre névralgique incontournable de Marseille. Par sa fonction de Parc des Expositions, mais aussi par son histoire, symbolique d’une époque où les échanges commerciaux vers l’Orient participeront à l’image multiculturelle de la cité phocéenne.
Le Parc Chanot est connu de tous les Marseillais. À deux pas du stade Vélodrome, cet espace accueille chaque année une manifestation très attendue : la Foire Internationale de Marseille. Toutes les manifestations culturelles et commerciales de Marseille se déroulent ici depuis plus de 100 ans.
À la fin du XIXème siècle, le Prado n’est qu’une simple avenue qui prend son départ à la place Castellane et s’ouvre sur le Sud. Le second Prado, qui emmènera vers la mer, n’existe pas encore ; les quartiers environnants ne sont pas urbanisés. Le futur stade Vélodrome ne sera construit qu’en 1937.  Ce qui deviendra le Parc des Expositions, entre les boulevards Michelet et Rabatau, n’est encore qu’un terrain vague, utilisé par l’armée comme champ de manœuvre.

La grille du Parc Chanot
La grille du Parc Chanot

La Première Exposition Coloniale

À cette époque, la France est, comme de nombreux autres pays européens, en pleine conquête de ses colonies : elle est présente sur les cinq continents, et cherche à mettre en place des relations commerciales solides entre les colonies et la métropole. L’Empire Français est en effet la deuxième puissance coloniale mondiale, avec ses 12 millions de km² hors métropole, derrière le Royaume-Uni. Les armateurs installés à Marseille savent que ce développement économique est une manne financière importante et, à l’image de Jules Charles-Roux et du docteur Heckel, ils cherchent à convaincre les acteurs politiques d’organiser une manifestation nationale à Marseille, afin d’asseoir leur rayonnement à l’International. La vocation de Marseille est donc de devenir la « porte de l’Orient », le grand port du commerce colonial : la ville a bénéficié du doublement des échanges intervenus entre 1897 et 1901.

L'Exposition Coloniale en 1906
L’Exposition Coloniale en 1906

Amable Jean-Baptiste Chanot est maire de Marseille depuis 1902. Fervent défenseur de la colonisation, il accepte la requête des industriels et propose d’organiser cette manifestation de grande ampleur : naît ainsi, en 1906, le projet de la première Exposition Coloniale. Les pavillons consacrés aux colonies de l’Exposition Universelle de Paris, en 1900,  avaient connu un grand succès, ce qui encourage d’autant plus les pouvoirs publics.

La manifestation est organisée sur un champ de manœuvre militaire, au bout du Prado réalisé quelques années auparavant. Le succès sera tel que l’année suivante, la Ville achètera le terrain.

Ainsi, du 14 avril 1906 jusqu’à sa fermeture le 18 novembre 1906, 1,8 millions de visiteurs se promènent dans les 25 ha consacrés à la manifestation. Organisée à travers la construction d’une cinquantaine de pavillons et de palais construits selon l’architecture de la région qu’ils représentent, la manifestation a pour objectif de présenter aux métropolitains les richesses des colonies, les différentes cultures qui y étaient découvertes, mais aussi et surtout de mettre en valeur le négoce marseillais et encourager les investisseurs. Cette première Exposition Coloniale a fortement marqué les esprits, à tel point qu’une deuxième exposition sera programmée pour 1916. Les bouleversements géopolitiques du début du siècle et la Première Guerre Mondiale pousseront les organisateurs à reporter cette seconde édition en 1922. Mais, enorgueillie par ce succès, la Ville souhaite renouveler au plus tôt une manifestation d’envergure et songe à tirer parti de ce parc parfaitement approprié à de telles manifestations.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *